Vocabulaire de base du français écrit

Nouvelle contribution pour une meilleure programmation
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Chapitre 1 : Langue maternelle et vocabulaire fondamental

Généralités

Un vocabulaire de base s'impose

A une époque où, d'une part, la radio, la télévision et le cinéma privilégient essentiellement un français oral qui tend de plus en plus à se différencier du français écrit, où, d'autre part, la mission de l'enseignant s'est élargie et diversifiée pour s'étendre à la masse de tous les élèves, il apparaît utile que le maître puisse disposer des outils de base lui permettant d'organiser rapidement son cours d'une manière progressive, structurée et efficace. De récentes recherches répétées et convergentes ont montré toute l'importance que représente l'utilisation d'un vocabulaire fondamental, c'est-à-dire l'étude des mots les plus fréquents (qui se répètent le plus souvent), dans l'apprentissage et le perfectionnement d'une langue vivante. II a été constaté que limiter au départ, à l'essentiel, le nombre de mots (étudiés en "situation") que l'élève peut et doit reconnaître et qui correspondent grosso modo à son propre vocabulaire actif, c'était l'aider à progresser plus sûrement et plus rapidement dans l'apprentissage de sa langue. II faut savoir, par exemple, que l'enfant qui connaîtrait l'orthographe des 3 680 mots scientifiquement déterminés par les travaux de l'université de Louvain, plus une soixantaine d'autres tellement courants qu'ils n'ont pas été relevés (articles, prépositions...), disposerait d'un bagage couvrant 95 à 98 % de ses besoins en orthographe d'usage. Même en éliminant les quelque 70 mots grammaticaux, qui constituent à eux seuls environ 50 % de tout texte de communication, pour ne nous intéresser qu'aux mots "pleins" (noms, adjectifs, verbes, adverbes qui expriment les idées essentielles) l'utilisation de cette liste nous garantit un acquis à 90 % de ceux-ci. (Ces pourcentages sont obtenus à partir des fréquences cumulées, c'est-à-dire additionnées au fur et à mesure des rencontres de mots.) Hélas, les enquêtes effectuées le prouvent : La plupart des auteurs de manuels scolaires ne tiennent aucun compte de cette limitation. Jusqu'à 2 000 mots différents sont parfois proposés à des enfants de 6 à 8 ans ! Les règles traditionnellement étudiées négligent l'essentiel car elles ne reposent sur aucune base statistique (tables de fréquence). En veut-on des exemples ? Dans "Lecture, base de l'orthographe" (à partir de 8 ans) de S. SILVESTRE DE SACY et S.D. DE SECHELLES, nous trouvons à la page 22, des mots tels que : albâtre, phaéton, albuplast, béatitude... ; dans "Cours d'orthographe élémentaire et moyen" de BLED, il nous est proposé, pour la règle "M DEVANT M, B, P", une liste de 36 mots dont la moitié ne font même pas partie d'un vocabulaire de base de 5 000 mots. En nous basant sur la fréquence, dans le champ d'application de la règle du pluriel des noms en "OU", nous découvrons seulement 11 mots courants : cou, genou, sou, caillou, chou, fou, trou, clou, joujou, bijou, coucou. Et pourtant, les livres scolaires en proposent bien d'autres ! Ainsi, on se perd dans un ensemble de mots de fréquence basse. Ces termes, en nombre infini (plus de 45 000), couvrent seulement 3 à 5 % de nos besoins. Ce sont ceux-là qu'on s'ingénie à enseigner. En revanche, nul n'a songé à s'assurer auparavant que les mots de base sont sus, connus et assimilés avec leurs nuances exactes.

Ces échelles de vocabulaire sont-elles à l'abri de tout reproche ?

Assurément non, mais les remarques sont mineures. Les premières listes (celles de Louvain) datent de 1936 et 1937. Néanmoins, la majeure partie des mots relevés à l'époque se retrouvent dans les recherches les plus récentes (voir notamment "Psychopédagogie des moins doués" de MASSARENTI). Certains mots concrets échappent à ces relevés (ex. fourchette, brosse, pédale, garage...) parce qu'ils ne sont utiles que dans des circonstances particulières. C'est vrai, mais ils sont quelques centaines au plus et, de toute façon, ces listes de base valent bien mieux que certains "monstres orthographiques" habituellement publiés. II serait plus indiqué de procéder à des comptages pour chaque situation plutôt que sur un ensemble de textes aussi nombreux et variés que possible. Cela permettrait bien sûr d'affiner les résultats. Cependant des vérifications statistiques répétées confirment que ces vocabulaires de base sont largement représentatifs du langage en général. On nous objectera encore l'opinion de certains spécialistes qui dénoncent les dangers d'une telle limitation de la matière. D'après eux, vouloir enseigner les mots eux-mêmes, c'est restreindre le contenu d'une pensée dans un certain cadre au lieu de la libérer de toutes ces entraves grâce à l'exercice de multiples possibilités offertes parla richesse de la langue française. II est facile de répondre que d'abord, le vocabulaire élémentaire n'est qu'un premier pas vers une connaissance plus approfondie de la langue, une armature à partir de laquelle la pensée pourra par la suite se développer pleinement et dans tous les sens et qu'ensuite, il n'a jamais été question d'étudier des mots indépendamment de leur contexte habituel. Ainsi, si nous voulons raisonnablement aider tous les élèves et principalement les enfants en situation d'échec, il est incontestable que l'utilisation rationnelle et progressive d'un vocabulaire de base même s'il n'est pas à l'abri de tout reproche, s'impose.

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