L’orthographe française est opaque, elle est compliquée au moins pour 50% du vocabulaire écrit. On ne peut que dégager des grandes régularités orthographiques en évitant soigneusement de se perdre dans les exceptions qui les embrouillent inutilement (le dortoir mais le réfectoire, un abri et pourtant abriter, une souris mais une fourmi, taper mais frapper). Et que dire des problèmes d’homonymie (ver, verre, vert, vers) et des mots irréguliers comme femme, monsieur, examen). Si l’étymologie peut l’expliquer, l’orthographe reste capricieuse, bizarre et réclame une grande somme d’efforts, d’attention, de patience, de persévérance, de répétitions pour l’écrire correctement. Même si les correcteurs orthographiques peuvent nous aider, ils se révèlent insuffisants pour pallier toute difficulté. Comment aider les élèves à surmonter les difficultés orthographiques des mots les plus difficiles pour contribuer indirectement à une amélioration de l’orthographe d’usage en général ? Le problème de l’acquisition des graphies a un caractère probabiliste : comment faire le bon choix parmi un grand nombre de graphies possibles, celles qui sont peu probables, très probables pour découvrir la seule forme admise. On sait que le repérage des points critiques est un élément à prendre en considération. D’une manière plus générale, la plupart des maîtres proposent des séries de mots classés d’après des difficultés orthographiques préalablement mises en évidence : « m » devant « m, b, p », les consonnes redoublées, le « s » intervocalique, les mots commençant ou finissant par …., etc. En plus et complémentairement aux méthodes habituellement utilisées (appel à la mémoire auditive, motrice et surtout visuelle ; observation attentive, analyse, association, raisonnement) et de l’utilité de les pratiquer dans un climat psychologique de confiance, nous avons proposé dans le cadre d’un enseignement assisté par ordinateur une procédure originale du traitement des réponses par des branchements sur des circuits remédiatifs facilitateurs (série de mots ou phrases pour chaque partie du mot qui fait l’objet d’une étude soit plus de 8.000 feedbacks pour chacune des deux composantes). Il s’agit d’amener l’élève à se corriger seul en lui fournissant un référentiel de mots intermédiaires facilitateurs dans des séries de mots isolés, puis de phrases avec focalisation sur la difficulté. Les exercices de structuration, d’organisation pour mobiliser l’attention s’inscrivent dans le cadre de remédiations individualisées. Deux exemples permettront d’illuster ce propos : MERCREDI (niveau 1) o Des vacances à la mer / Dire merci / C’est merveilleux / Mardi ou mercredi A la mer, nous irons ce mercredi. C’est merveilleux. o Un morceau de sucre / Une tache d’encre / La sucrerie / Mercredi Un tarte au sucre pour demain, mercredi. o Dimanche midi / Lundi ou mardi / Mercredi avant-midi Je viendrai mardi ou mercredi dans l’après-midi. QUANTITE (niveau 5) o Quatre heures moins le quart / Trente ou quarante / La qualité / Une quantité d’objets Quarante quartiers de tartes coupées en quatre, c’est une grande quantité. o Quand viens-tu ? / Quarante et cinquante / Une cinquantaine de jours / Des bonbons en quantité o Environ cinquante, c’est une cinquantaine de verres, c’est une grande quantité. Une personne active, l’activité / Une tartine / Utile, l’utilité / Une quantité de fleurs o L’instituteur a donné une quantité de travail. Pas étonnant que je sois fatigué ! L’activité / Une bonne qualité / La vérité / La carte d’identité / Quelle quantité ? o Je dois dire la vérité, je préfère la qualité à la quantité. L’analogie est le mode normal d’association pour les élèves de 7 à 10 ans, les groupements idéels (mots de la même famille comme terre, terrasse, terrain, terrier, parterre, souterrain) permettront par la suite de soulager la mémoire par la prise de conscience qu’une difficulté reste unique pour tous les dérivés, l’alignement de chariot sur charrette est une rectification tout à fait justifiée. Ces rapprochements plus ou moins conscients devraient constituer une base solide pour faciliter et développer les mécanismes d’auto-apprentissage. Par la suite, ces techniques pourront s’affiner progressivement au bénéfice d’autres comme par exemple la mise en opposition (taper mais frapper, commission mais punition, habile mais agile). Les circuits facilitateurs ne sont qu’un moyen parmi d’autres, un simple référentiel pour tout apprenant en difficulté sur le plan de l’orthographe lexicale en offrant un choix de feedbacks spécifiques pour chaque erreur constatée. Il serait vain, inutile et même dangereux de les utiliser systématiquement et automatiquement quand le besoin ne s’en fait pas sentir en cours d’apprentissage. Et gardons toujours à l’esprit que les mots ne vivent que dans des phrases, des paragraphes, des locutions qui en éclairent le contenu. C’est le seul moyen d’éviter de collectionner des étiquettes vides de sens et d’aider les élèves à les réutiliser en situation de production linguistique.
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